L’ile de la Motte, un paysage bouleversé
l’île de la Motte s’est formée de la fin du 19ème siècle jusqu’à nos jours par le dépôt de sédiments occasionné à la suite de la construction de murs submergés édifiés vers 1830/1850 lorsqu’il s’est agit, sous Napoléon III, d’aménager la rivière en un fleuve apte à porter la navigation marchande.
Auparavant la Saône, nonchalante en été, se laissant traverser à pied sur ses hauts fonds s’érigeait en furie dévastant tout sur son passage lors de ses grandes crues d’hiver et de printemps. Dans les siècles précédents alors que la vie s’était organisée près de la rivière avec des cités semi-lacustres, ses crues ont provoqué, notamment au XVème siècle, des milliers de morts.
Ces murs, destinés à canaliser-la rivière, élevés à un vingtaine de mètres du bord ont eu pour effet de ralentir le courant près des rivages favorisant ainsi ces dépôts de sédiments. Des îlots se sont formés qui s’agglomérant au fil des ans ont composé cette grande île au large de la prairie des Longerons.
Des digues avaient également été élevées sur les rives par les hommes afin de contenir ses hautes crues devenues bien moins violentes depuis le creusement du chenal au XIXème siècle et de protéger les champs.
Gilbert 93 ans, ainsi que ses sœurs, presque centenaires, ont toujours connu cette île, certes moins grande au début du dernier siècle lorsqu’elle était encore formée de gros îlots et surtout bien moins large.
l’île des Longerons qui appartient au patrimoine de la commune, ainsi nommée par les riverains qui exploitaient la prairie des Longerons au large de laquelle elle s’est formée, offrait un aspect complètement différent.
Gilbert qui, dans l’enfance, gardait les troupeaux dans la prairie se souvient d’une plage qui descendait en pente douce depuis la digue de terre formée sur la rive. et d’une lône aux eaux claires dans laquelle tout un chacun aimaient se baigner. Des ”citadins” pontévallois venaient y pique-niquer le dimanche, à l’instar des parents de Charles, un ami de Gilbert, qui garde le même souvenir.
Revenu sur la rive après quelques années d’absence Gilbert n’a pas reconnu son île des Longerons. ”Mais d’où vient ce nom d’île de la Motte ?”
De plage en pente douce il n’y a plus. Le site a perdu son aspect bucolique. Des ”falaises” dominent la lône contres lesquelles les lames d’eau provoquées par les gros transports remontant la rivière viennent percuter.
Durant la visite Gilbert a admiré le passage deux bateaux long d’une centaine de mètres sur le canal de navigation et vu l’effet des vagues poussant une énorme masse limoneuse dans la lône.
L’île protégée par une directive Natura 2000 abrite nombre d’espèce d’oiseaux migrateurs et des castors. Elle est là, toujours grande et belle. Mais son environnement, côté berge, ne l’est plus.
Article de Charles Mathey, La Voix de l’AIN